La cigarette électronique a fait la preuve de son utilité contre le tabagisme, et rien ne permet de penser qu’elle présente la moindre toxicité. Elle constituera sans doute le plus grand progrès en terme de santé publique du début du XXIe siècle. Les raisons qui freinent son développement sont à rechercher du côté des lobbies qui vivent du tabac ou des médicaments du sevrage tabagique, et de la naïveté coupable des politiques.
Cet article avait été initialement publié le 6 juillet 2013. Je le mets à jour le 27 août suite à un dossier publié dans 60 Millions de consommateurs, qui considère que la cigarette électronique expose à un risque de cancer (voir encadré en fin d’article).
La cigarette électronique existe depuis plus de 10 ans. C’est un dispositif qui tente de reproduire les sensations du fumeur, en lui épargnant les produits toxiques issus de la combustion du tabac.
Un réservoir contient du propylene glycol, des arômes et éventuellement de la nicotine. Ce mélange est chauffé et inhalé. La fumée visible est en fait de la vapeur d’eau provenant des voies respiratoires de celui qu’il convient donc d’appeler un vapoteur et non un fumeur.
Les produits actuels présentent une qualité satisfaisante issue d’une dizaine d’années de tâtonnements. Ils sont vendus sur internet ou dans des magasins par des professionnels spécialisés.
Les cigarettes électroniques ont échappé aux circuits d’autorisation habituels, car elles ne sont ni des produits du tabac, ni des médicaments. Leur statut n’est donc pas différent de celui d’un diffuseur d’huiles essentielles, d’un chocolat chaud ou d’un bonbon au café.
Le propylène glycol, massivement utilisé dans l’alimentation depuis des dizaines d’années et dans certains médicaments inhalés, ne possède aucune toxicité connue pour des doses 100 fois supérieures à celles contenues dans les cigarettes électroniques. L’effet irritant décrit chez le vapoteur, lié à son effet asséchant, est justement recherché pour procurer au fumeur les sensations qu’il éprouvait en fumant du tabac. Le propylène glycol est utilisé dans les boîtes de nuit et les spectacles pour fabriquer de la fumée artificielle, massivement inhalée par les spectateurs depuis des dizaines d’années sans dommages connus.
Le Pr Molimard, tabacologue réputé, libre de liens d’intérêts industriels depuis plus de 10 ans, a rédigé une synthèse scientifique complète sur le sujet, que les sceptiques pourront lire avec intérêt.
J’ai eu l’occasion de parler de la cigarette électronique à la Tête au Carré, l’émission scientifique de France-Inter : (ndlr voir : http://www.vapoteurs.com/content/44-docteur-dupagne-cigarette-electronique )
La seule question qui se pose donc actuellement est la suivante : pourquoi les pouvoirs publics tentent-ils par tous les moyens de limiter la diffusion de cette révolution sanitaire ? J’ai bien peur de connaître la réponse. L’influence des experts liés à l’industrie pharmaceutique (substituts nicotiniques concurrents de la cigarette électronique), et le poids de la fiscalité sur le tabac jouent sans doute un rôle important.
Certes, la cigarette électronique n’est pas une panacée, elle ne fonctionne pas chez tout le monde, mais le progrès qu’elle apporte dans la lutte contre le tabagisme dépasse tout ce que nous connaissions jusqu’ici. Une publication récente le démontre solidement.
Même la Ligue contre le cancer s’est prononcée contre son usage, ce qui est surréaliste. Elle a heureusement depuis supprimé la page de son site, mais j’en ai gardé une copie qui montre à quel point les lobbies ont infiltré les institutions sanitaires.
La puissance de ceux qui se dressent contre cette menace pour leurs industries se mesure aux projets en cours, notamment à Bruxelles, pour tenter de condamner la cigarette électronique. Nous verrons si nos institutions sauront résister à ces pressions.
Ce qui certain, c’est que de toute façon, l’interdiction ou même la limitation de l’usage de la cigarette électronique sont impossibles, tant la contrebande sera aisée. Cette guerre perdue d’avance par les lobbies du tabac et du médicament sera intéressante à suivre sur un plan sociologique. Le gagnant, ou plutôt la gagnante est connue d’avance : c’est la santé publique avec l’effondrement programmé d’un des pires fléaux mondiaux.
Notez que cette victoire n’est pas venue de la science, mais d’un bricoleur chinois et d’une communauté 2.0 [1]. C’est aussi un fait sociologique et scientifique intéressant. À force d’être sponsorisée par l’industrie, la recherche médicale perd de vue ses objectifs sanitaires.
La revue 60 Millions de consommateurs a publié le 24 août un dossier qui a fait grand bruit. Son titre inquiétant laisse penser que le e-cigarette pourrait être cancérigène.
Avant toute chose, il y a un problème de liens d’intérêts. L’INC qui édite la revue 60 Millions, est subventionné majoritairement par le Ministère des finances qui nomme également ses administrateurs. Le Ministère des finances perçoit les taxes sur les ventes de tabac, en baisse en 2013 pour la première fois. Je n’accuse pas les journalistes d’avoir orienté leur travail, je constate simplement un conflit d’intérêt majeur et inacceptable, surtout pour un dossier qui a engagé des dépenses de recherche conséquentes
Le laboratoire de l’INC prétend avoir retrouvé des teneurs significatives de produits dangereux dans la fumée de certaines cigarettes électroniques testées. Cette affirmation entre en contradiction avec une étude récente et indépendante publiée dans une revue scientifique à comité de lecture.
Qu’apporte l’INC pour inquiéter ainsi des centaines de milliers d’utilisateurs français et pour contredire la publication scientifique ci-dessus ? Rien. Aucun détail du protocole n’est accessible, pas plus que les résultats bruts de leurs mesures. Tout au plus apprend-on dans l’article que le laboratoire a utilisé un "protocole original".
Nous sommes donc confrontés à bricolo et bricolette qui jettent le doute sur un progrès de santé publique majeur et qui oublient de signaler que les principaux cancérigènes sont les goudrons et les oxydes de carbone, absents de la cigarette électronique.
C’est un peu comme si l’INC tirait à boulets rouges sur la bière sans alcool en expliquant que le sucre peut être "potentiellement" mauvais pour les futurs diabétiques.
Les métaux lourds sont présents partout à l’état de trace (sauf dans l’eau de pluie, et encore...), y compris dans les eaux minérales. Indiquer leur présence sans préciser la quantité n’a aucun intérêt.
L’acroléine et les aldéhydes apparaissent dès que l’on chauffe des hydrates de carbone et leur présence n’est pas surprenante. Ces produits se dégagent en quantité bien plus importante lors de la cuisson des aliments à la poêle ou en friture, et énormément lors d’un barbecue. Leur production est très dépendante de la température atteinte dans la cigarette électronique. Un protocole de simulation de vapotage inadapté peut conduire à élever cette température et à faire apparaître des produits de dégradation qui sont absents ou présents en quantité infimes lors d’un usage normal de la cigarette électronique.
Enfin, la cigarette électronique n’est pas un jouet pour enfant, mais un procédé qui permet aux fumeurs d’arrêter ou de diminuer leur consommation d’un produit hautement cancérigène et athérogène. Elle doit bénéficier du doute, surtout après 10 ans d’utilisation intense à travers le monde. Il faut rappeler que l’innocuité totale d’un produit (ou d’un médicament) est impossible à prouver scientifiquement. Tout au plus peut-on constater l’absence de problèmes remontés après une utilisation massive.
Cette charge de l’INC contre la e-cigarette est idiote dans sa forme, infondée jusqu’à preuve du contraire et dangereuse pour la santé publique. L’Institut ne rend pas service aux consommateurs et aurait mieux fait de concentrer son travail sur le contrôle des teneurs alléguées dans le liquide des cartouches ou recharges.
Pour reprendre l’expression du Dr Farsalinos, je conclurai en disant qu’il vaut mieux respirer de l’air pur que de la fumée de cigarette électronique, mais que la toxicité de cette dernière reste a établir, et que chaque fois qu’un individu tire sur une e-cigarette plutôt que sur une cigarette classique, il protège sa santé de façon considérable et incontestable (ce que ne nie pas bien sûr l’article de 60 Millions)
Je n’ai aucun lien d’intérêt de près ou de loin avec les fabricants ou revendeurs de cigarettes électroniques.
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